L’Araize renaturalisée à Grugé l’Hôpital : sa continuité restaurée, ses habitats diversifiés
L’Araize traverse le lieudit « les Ourzaies » au Nord de Grugé l’Hôpital, où elle croise la route de Renazé.
A Grugé l’Hôpital, le barrage des Ourzaies constituait un obstacle à l’écoulement naturel de l’Araize depuis la fin des années 1970, de sorte qu’elle prenait la forme d’un étang.
Le ralentissement de sa course a conduit à l’accumulation de sédiments, obstruant les habitats naturels du fond de la rivière, jusqu’à environ 600 m en amont.
Surcreusée et rectifiée entre 1974 et 1979, l’Araize a perdu ses méandres naturels et sa capacité à déborder de façon prolongée.
Les effets sur la biologie
Les diagnostics hydrologiques et biologiques ont été commandés à Hydroconcept. Ils ont permis de réaliser un état des lieux de l’Araize sous influence du barrage, jusqu’à 600 m en amont de celui-ci.
Synthèse de l’état des lieux réalisé
L’état des lieux souligne le mauvais état global de l’Araize et justifie la démarche du Syndicat du Bassin de l’Oudon pour restaurer ce cours d’eau.
La démarche du Syndicat du Bassin de l’Oudon (SBO) :
Sur le sous-bassin versant de l’Araize
Les actions du Syndicat pour la restauration de l’Araize ont débuté dans les années 2000. L’Araize était alors perturbée par la présence de 38 barrages répartis sur ses 32 km de long ; soit un peu plus d’un barrage tous les 1000 mètres. Ainsi morcelée, l’Araize fonctionnait comme une succession de bassines, interdisant la continuité écologique ; c’est-à-dire : ne permettant plus les migrations de poissons et le transit des sédiments.
Faisant obstacle au transport des sédiments, ceux-ci s’accumulaient sur une grande partie des linéaires sous influence des barrages, colmatant les habitats et contribuant à asphyxier le milieu aquatique. De plus, en cloisonnant le lit de l’Araize, les déplacements des individus et le brassage génétique des populations de poissons étaient compliqués, voire impossibles si les barrages n’étaient pas manœuvrés.
Sur le site des Ourzaies à Grugé l’Hôpital
Le barrage des Ourzaies faisait partie des trois derniers existant sur lAraize. Pour restaurer l’Araize et sa continuité écologique, le SBO a d’abord acquis la parcelle correspondant à la zone « étang » en amont de la route de Renazé.
Le dialogue s’est installé en parallèle avec les élus de la commune et les propriétaires riverains pour construire un projet de restauration.
Sur les bases de l’étude préalable commandée à Hydroconcept, et présentée en comités de pilotage (Copil) et en assemblée locale, le scénario de renaturation a été élaboré : effacement du barrage, diversification des habitats, élimination des espèces exotiques envahissantes (bambous), maintien de l’activité de pêche, attractivité du site (liaison douce prévue par la commune), pédagogie, entretien ultérieur…
Ce scénario a été validé par l’ensemble des participants aux Copil : élus locaux du SBO, de la commune de Grugé l’Hôpital et d’Ombrée d’Anjou, riverains, Direction départementale des territoires de Maine et Loire (DDT 49), Office français de la biodiversité (OFB), Fédération de pêche et de protection des milieux aquatiques de Maine et Loire, Agence de l’eau Loire Bretagne, Région des pays de la Loire.
Quels travaux pour quels effets attendus ?
Le projet de restauration a été élaboré pour corriger l’état initial, en intervenant sur l’ensemble des compartiments du cours d’eau (lit mineur, berges et ripisylve, annexes, débit et ligne d’eau, continuité piscicole et sédimentaire), avec pour objectif d’améliorer son état global.
Les travaux ont été commandés en 2022.
- La première étape fût la restauration de la végétation des rives (= ripisylve).
C’est d’abord l’association d’insertion du segréen (ASDIES, devenue ASURE courant 2022) qui a été missionnée pour une intervention sélective sur la ripisylve : débroussaillage, abattage, débitage, broyage.
Certaines portions de berges ont été quasiment mises à nu pour laisser place à la végétation herbeuse, ou simplement pour donner accès au cours d’eau en vue de la réalisation des travaux de restauration. D’autres secteurs n’ont pas subi d’intervention.
Ce travail a permis d’ajourer le cours d’eau, de rééquilibrer autant que possible la végétation, en recherchant :
- la diversité des espèces arborescentes (saules, aulnes, frênes) et arbustives (aubépines, sureaux, églantiers…),
- la répartition des âges des individus de même espèce,
- l’alternance de zones à végétation basse (herbacée) et de zones à végétation haute (arbustive et arborescente)
Ils ont aussi permis de peaufiner le projet de restauration et de faciliter l’accès des engins pour les travaux suivants.
- Ensuite, c’est l’entreprise Moreau et associés qui est intervenue pour commencer la restauration de la continuité écologique et la restauration hydromorphologique (= restauration du lit mineur et des berges) de l’Araize. Ces travaux ont débuté alors que le cours d’eau était quasiment à sec.
- L’effacement du barrage a consisté à :
- Retirer le clapet et les dispositifs permettant sa manœuvre (poutre métallique, treuil à manivelle, câbles…).
- L’effacement du barrage a consisté à :
Le clapet empêchait la montaison (= migration vers l’amont) et rendait périlleuse la dévalaison (= migration vers l’aval) des poissons. Un radier a été réalisé à sa place ; il s’agit d’une recharge en gravier permettant de relever le fond du lit en vue de maintenir une hauteur d’eau en amont. Ce radier est conçu avec une pente et un lit préférentiel qui rendent possible la migration des poissons dans les deux sens et, par la même occasion, le transport des sédiments d’amont vers l’aval.
- Détruire et évacuer les bajoyers en béton qui supportaient le barrage.
Ces murs, disgracieux dans le paysage de nature environnant, contraignaient de lit de l’Araize. En resserrant ses berges, ils provoquaient un effet « entonnoir ». Une fois retirés, cela a permis de restaurer l’écoulement « naturel » de l’Araize et l’esthétisme de la campagne environnante.
- Reprofiler les berges. Les pentes des berges, verticales lorsque les murs étaient en place, ont été adoucies par un re-talutage, favorable à leur stabilité et à l’enherbement.
L’enlèvement du clapet, seul, aurait suffi pour restaurer la continuité écologique de l’Araize, au droit de l’ancien barrage. Mais l’absence d’intervention en amont aurait conduit à des dysfonctionnements importants, par exemples :
* le lit de l’Araize était contraint par les murs supportant l’ancien barrage, qui modifiaient ainsi son régime hydraulique : écoulement ralenti en amont en cas de crue et risque de montée soudaine des eaux, accélération localisée du courant entre les murs, rendant difficile la nage de certains poissons et l’accroche de la végétation aquatique.
* le lit en amont, anciennement sous influence du barrage, présentait peu de diversité d’habitats (fond colmaté par la vase) et d’écoulements (berges abruptes, fond uniformisé et sur-élargi lors des travaux de recalibrage anciens), et aurait été peu propice à rediversifier les populations d’espèces aquatiques.
* dans le lit en amont, l’eau étant répartie sur la surlargeur de l’Araize, la hauteur d’eau en période d’étiage n’aurait pas été suffisante en été, ce qui aurait été défavorable à la survie des poissons…
Des travaux complémentaires ont donc été prévus et réalisés :
- La diversification des habitats et des écoulements dans le lit de l’Araize a été réalisée sur environ 400 m, dans la partie amont, grâce à des recharges en gravier (radiers, banquettes) et à la dispersion de blocs rocheux
Après le retour de l’eau, les rides de surface sur le radier indiquent une accélération localisée du courant.
Ces travaux complètent la restauration de la continuité, dans le lit de l’Araize :
* en diversifiant les habitats potentiels pour les espèces aquatiques,
* en diversifiant les écoulements (alternance des radiers et mouilles, blocs rocheux).
Ils diversifient aussi les habitats en dehors du lit (mare, ripisylve).
La suite des travaux
Les travaux n’ont pas pu être achevés avant l’hiver 2022. Ils ont repris en 2023 avec les opérations suivantes :
- Restauration d’une zone humide, avec un bras annexe, une petite mare et reméandrage du lit de l’Araize en amont de la route de Renazé. Un cheminement piétonnier a aussi été aménagé.
- Aménagement d’un bras annexe (déjà amorcé naturellement) en aval de la route.
- Reprofilage des radiers avec un lit préférentiel
Les radiers réalisés en 2022, installés « à plat » ont été retravaillés pour dessiner un lit d’étiage ; il s’agit de permettre le passage préférentiel de l’eau dans un couloir restreint lors des faibles débits. En réduisant la largeur d’écoulement, cela permet de garder une hauteur d’eau adaptée pour le passage des poissons, tant que le débit est suffisant.
A quel coût ?
Au global, l’ensemble des travaux a représenté un coût de 86513 euros HT, financé à hauteur de 20% par le Syndicat du Bassin de l’Oudon et par les subventions de l’Agence de l’eau Loire Bretagne (50%) et de la Région des Pays de la Loire (30%).
Quel suivi ou comment vérifier l’efficacité des travaux ?
Des diagnostics avant travaux ont été réalisés sur le lit (hydromorphologie), sur la végétation et la faune aquatiques (inventaires naturalistes) et les habitats. Ce sont d’ailleurs ces diagnostics qui ont confirmé le mauvais état de l’Araize et qui justifiaient l’intervention proposée.
L’objectif est d’atteindre un bon état sur l’ensemble des compartiments, comme indiqué dans le tableau suivant :
Afin d’évaluer la pertinence des travaux et leurs effets induits dans l’Araize, de nouveaux relevés seront réalisés environ 3 ans après la fin des travaux. Ils devraient montrer les signes d’une amélioration. Dans le cas contraire, des actions correctives seraient étudiées.